Chapelle de l'Espoir
Eglise évangélique
[Chapelle de l’Espoir]


Verset du jour :


Exprimer nos déceptions à Dieu à l’exemple d’Elie

Résumé du message donné par Franck Jeanneret le 19 avril 2015

Lecture : 1Rois 19:1-18

Quelle situation pour Elie : il est déçu, profondément déçu. Il est déçu premièrement de son peuple, dont le cœur est endurci et éloigné de Dieu, alors même que des miracles viennent de se produire. Il est aussi déçu de lui-même : « je ne vaux pas mieux que mes ancêtres » (v. 4). Et aussi, même si le texte ne le dit pas, peut-être Elie est-il déçu de Dieu.

Que fait-on lorsqu’on est déçu, lorsqu’on vit dans la déception ? La plupart du temps, on s’isole. C’est ce que fait Elie : il ne s’isole pas seulement pour sauver sa vie, car il renvoie son serviteur. Elie reste enfermé en lui-même, dans sa déprime et sa déception.

La déception, lorsqu’elle est dans nos vies, nous devons l’affronter. La déception nous éloigne de Dieu et nous éloigne les uns des autres. Elle nous amène à nous replier sur nous-mêmes. Il est parfois utile de prendre du recul, mais ce que j’ai observé est que presque toujours, lorsque les gens disent qu’ils ont besoin de prendre du recul, c’est un recul de longue durée, et qui ne résout rien. Il est normal d’avoir besoin à un moment de se mettre à l’écart, mais est-ce que dans mes déceptions je reste constamment à l’écart, ou est-ce que je les affronte ?

Lorsqu’on s’isole durablement (pas forcément en n’ayant plus de relation avec personne, mais dans les domaines particuliers de notre déception), nous restons enfermés dans notre expérience sans voir la sortie.

Quelles sont les causes de la déception ?

La plupart du temps, nous nous retrouvons dans une situation de déception parce que nous vivons dans l’illusion et nous sommes déçus lorsque l’illusion est levée.

Premièrement, il y a illusion sur nous-mêmes, nos forces, nos capacités. Pour Elie, c’est peut-être ce qui s’est passé : « Il y a eu d’autres prophètes avant moi, mais avec moi ce sera différent ! ». Et pourtant, il ne voit pas le résultat qu’il espère. Il n’est pas aussi fort qu’il le pensait, il n’a pas le pouvoir qu’il pensait avoir.

Parfois, nous avons des illusions sur les choses : « quand on aura construit notre maison, on sera heureux », « quand j’aurai acheté mon appartement, cela ira beaucoup mieux », etc. Bien souvent, il y a un plaisir, mais qui est éphémère et ne satisfait pas le fond du cœur. Les choses peuvent nous donner de l’illusion sur notre capacité à nous donner la joie et la paix.

Nous avons aussi des illusions sur Dieu. Bien souvent, nous faisons un Dieu à notre image pour toutes sortes de raisons, et cela nous empêche de rencontrer le vrai Dieu. Par exemple, lorsque je me sens coupable j’ai tendance à faire de Dieu un Dieu rose bonbon, ou lorsque je m’estime être un très bon chrétien et que mon voisin est un plouc, Dieu pourrait avoir une matraque pour faire comprendre à ce cher voisin à quel point la justice est importante. Je décide comment doit être Dieu pour correspondre à mes envies et mes besoins, et je fais un Dieu à mon image.

Nos illusions peuvent venir d’attentes irréalistes. Par exemple, dans le couple, bien souvent la femme attend de son mari qu’il soit presque Dieu, mais des fois les hommes attendent de leur femme qu’elle soit leur mère. Bien des problèmes de couples sont liés à nos illusions, à nos attentes irréalistes, à nos images déformées.

On attend aussi parfois de Dieu qu’il nous maintienne en enfance et nous évite les problèmes. C’est en affrontant certaines choses qu’on grandit.

La déception n’est dans une certaine mesure que découvrir la réalité : Elie découvre la réalité sur lui-même, la réalité sur le peuple, et il va découvrir une autre réalité sur qui est Dieu. La déception, si elle est bien vécue avec le Seigneur, est une chance, une occasion d’aller plus loin. La déception nous libère du voile de nos illusions. Malheureusement, on préfère souvent rester dans le monde du rêve parce que cela nous coûte d’en sortir. Grandir, c’est voir la réalité en face, l’affronter. Grandir, c’est cesser de se cacher.

On met facilement des stratégies d’évitement de la déception : éviter les situations relationnelles délicates, etc. Cela ne construit rien dans notre vie, et on peut même en venir à éviter Dieu, parce que finalement, on ne maîtrise pas Dieu. Ou alors, on construit des relations basées sur des mensonges.

Certaines personnes revivent régulièrement les mêmes schémas relationnels tant qu’elles n’affrontent pas leur situations. Il y a plus de divorces dans les seconds mariages que les premiers, parce que bien souvent on entre dans la nouvelle relation sans avoir affronté les difficultés de la première. On peut aussi construire des relations qui n’engagent pas.

Cette question vient alors : « Comment affronter la réalité sans être dépressif ? » Comment affronter la réalité lorsqu’elle n’est pas drôle ? La bonne nouvelle, c’est que c’est dans la réalité que Dieu nous rejoint. C’est là qu’il est avec nous. Il n’est pas présent dans nos fantasmes ou nous illusions. Il est avec nous dans la réalité, et c’est ce qu’on se rappelle à Pâques. Jésus a passé par la réalité de l’injustice, du rejet, de l’incompréhension. C’est là que le Seigneur est venu nous rejoindre : dans notre réalité humaine. Dieu s’est fait homme.

Dans les pires situations, Dieu nous rejoint. Des femmes coptes dont les maris ont été tués par l’État Islamique témoignaient récemment du pardon, parce que Dieu les rejoint dans leur réalité.

Comment fait Elie pour sortir de sa déception ?

Premièrement, Elie doit reconnaître sa situation, et deuxièmement il doit l’exprimer.

Dieu tend la perche à Elie pour qu’il parle, et Elie verbalise sa souffrance. Trop souvent, nous gardons en nous-mêmes nos déceptions. Le point de vue d’Elie n’est pas juste, il est incomplet, mais il faut qu’il puisse l’exprimer pour que Dieu l’y rejoigne.

Osons dire, verbaliser devant Dieu nos déceptions. Il peut être très difficile d’exprimer des déceptions, dire « Seigneur, voilà ce que je ressens », « Voilà la situation ». C’est là que commence le chemin de guérison et de restauration.

Job, l’exemple de la souffrance par excellence, a parlé à Dieu. Il a dit comment il voyait les choses, certaines justes, d’autres fausses, mais Dieu ne lui en a pas tenu rigueur. Il s’est révélé à lui.

Elie a exprimé cela, mais il a aussi arrêté de fuir et s’est laissé rencontrer par Dieu. Cette rencontre est extraordinaire. Jusque là, on voit que le zèle d’Elie pour Dieu est presque violent. Là, Dieu prend le temps d’expliquer autre chose à Elie. Elie ne connaissait pas vraiment Dieu dans la brise légère. Il rencontre Dieu autrement, autre chose s’ouvre pour lui. C’est comme si Dieu lui disait : « Elie, je vois bien la situation de mon peuple et ta situation, mais tout ne se joue pas aujourd’hui. Je suis présent dans la douceur et la discrétion, tout ne dépend pas de toi. Il y a un avenir au-delà de toi-même. »

Dans la génération d’Elisée, on va en effet voir beaucoup de miracles de compassion, avec une autre dimension que dans le ministère d’Elie.

Avons-nous parfois l’impression dans nos déception d’être resté le seul vrai ou la seule vraie ? Quelle illusion ! (versets 14, « je suis resté moi seul », et 18 « il reste 7000 hommes »). Depuis là, Elie peut repartir pour une seconde vie, un second ministère, moins isolé mais qui prépare un avenir pour Israël. Elie sera moins centré sur lui-même, mais pourra se centrer sur Dieu d’une autre manière et laisser un bel héritage.

Que le Seigneur nous aide à nous laisser rencontrer dans nos déceptions. C’est peut-être dans le lieu où l’on a été le plus déçu et où l’on a le plus souffert que le Seigneur veut faire quelque chose de nouveau, que le miracle est appelé à se produire et notre vie appelée à être changée et transfigurée. C’est dans ce lieu-là que l’on va pouvoir rencontrer Dieu comme l’on ne l’a jamais connu jusqu’à ce jour. C’est dans ce lieu-là que nos idoles vont tomber et la gloire du Royaume se manifester. Nous avons un Dieu tellement bon, tellement grand, qu’il n’a pas envie que nous restons dans nos illusions.

Dieu a la force et la puissance de faire au-delà de ce que nous disons et pensons (Eph 3:20).


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