On ne peut plus changer l’année écoulée, qui nous a apporté des peines et des victoires. Dans les peines, il y a par exemple les décès de proches. Je pense aussi à un homme rencontré dans des voyages qui est tétraplégique, Jacky. Il était très sportif dans sa jeunesse, s’est converti et s’est engagé dans son église. Un samedi soir, alors qu’il animait le groupe de jeunes et les invitait à faire confiance à Dieu, un des jeunes est venu lui dire « s’il t’arrivait à toi un gros coup dur, est-ce que tu ferais encore confiance à Dieu ? » Le lundi, il lui est arrivé un accident de travail qui a provoqué des mois de coma, et puis sa tétraplégie. Sa femme était très découragée car elle devait s’occuper de lui 24 heures sur 24. Il avait 46 ans. Cela a provoqué une grave crise, mais ils ont décidé de continuer à faire confiance à Dieu. Jacky est devenu prédicateur de son église. Il s’est équipé d’un ordinateur qu’il commandait avec un capteur situé sur son front, par lequel il a écrit lettre par lettre les travaux de sa formation biblique. En novembre 2014, il a été hospitalisé et il est décédé. Ce décès nous plonge dans une double émotion : la tristesse d’une personne qu’on ne reverra plus ici-bas, et la paix car cet homme est parti en paix avec Dieu. Voilà un combattant du Seigneur qui a combattu jusqu’au bout.

Le premier texte biblique est 2Cor 8:12-14. Le chrétien n’est pas un fanatique, mais reçoit par l’Esprit-Saint une capacité d’équilibre. Nous avons tous dans notre vie des choses dont on pourrait matériellement se passer, dont nous n’avons pas vraiment besoin. Faudrait-il s’en débarrasser ? Probablement pas, Dieu ne cherche pas des « extrémistes », qui se privent de tout pour les autres pour être bien devant Dieu. Vivons, soyons reconnaissant pour ce que nous avons. Voyons maintenant quelques citations de Jésus : Jn 15:13, Mt 10:39, Jn 12:25, Jn 10:17, Jn 3:16, 1Jn 3:16.

Ce matin, je vous ai distribué à chacun une allumette. Notre vie à chacun ressemble à une allumette. Que peut-on faire avec une allumette ? Allumer un feu pour se réchauffer, pour cuire un repas, pour faire un peu de lumière, pour allumer une bougie, pour mettre le feu à une forêt, etc. Mais lorsque l’allumette a fait son travail, elle n’existe plus, elle est consumée. Elle trouve son utilité en se laissant consumer. Ce n’est presque rien, mais c’est très puissant, pour faire de bonnes ou de mauvaises choses. Certains veulent garder leur vie en parfait état le plus longtemps possible, garder leur confort, rester bien, sans être dérangé, se relaxer, être bien, sans toucher à leur vie mais la conserver. Jésus nous dit exactement le contraire : celui qui veut conserver sa vie la perd, et celui qui la donne la retrouve. En tant que chrétiens, nous sommes destinés à nous consommer pour les autres, nous donner pour les autres. Jacky a donné sa vie pour les autres jusqu’au bout. Entièrement paralysé pendant 11 ans, sans même pouvoir s’alimenter tout seul, il a consumé sa vie jusqu’au bout pour Jésus. Il a compris qu’avec ce qu’il était encore, il pouvait encore être quelqu’un qui pouvait donner sa vie. Il n’a pas dit « je ne peux plus rien faire ».

L’humilité est de dire « je suis bien peu de choses », la fausse humilité est de dire « je ne suis rien, je ne peux rien faire », ou de dire « il y a tellement de gens plus doués que moi, laissons-les faire ». La fausse humilité est de ne rien entreprendre pour éviter un échec ou une opposition. La vraie humilité est de reconnaître que si l’on s’approche de Dieu, notre vie trouve son sens. On existe pour quelque chose et pour quelqu’un. Cela va loin (Eph 2:10), notre existence n’est pas le fruit du hasard. Le sens de notre vie est de donner notre vie pour nos amis.

Pour certains, cela peut avoir une signification « extrême » d’aller par exemple servir dans des lieux de guerre au risque de mourir. Mais donner sa vie pour ses amis peut aussi être de consacrer son temps pour une seule personne ! Les consécrations discrètes et cachée ne sont pas mis en avant par les médias, mais combien de chrétiens donnent leur vie pour sauver une personne, handicapée peut-être, ou malade ? A chaque âge et dans toutes les circonstances il y a encore occasion de donner. Combien de chrétiens ont encore donné les dernières années de leur vie à prier ? Il ne s’agit pas de chercher l’exploit, l’extraordinaire. A 17-18 ans, j’ai décidé que pour la population de mon village je devrais offrir une rencontre de prière et d’étude biblique. J’ai invité tout le village dans ma chambre pour cela. Certains sont venus, et j’encourageais les personnes présentes à être actives alors qu’elles n’avaient pas l’habitude de prier et d’étudier la Parole. Il y avait là une femme dans cette réunion qui a donné sa vie pour s’occuper de son frère malade. Cela ne se voyait pas, mais cela lui prenait tout son temps.

Quel est le travail des personnes à la retraite dans mon église ? Certains livrent les repas à domicile : service discret et utile. Discernons comment consumer notre vie, pour qui la consumer, où la consumer, depuis quand et jusqu’à quand. Après l’arrivée de ma retraite, j’aurais pu me dire « j’ai fait tout ce que je devais, j’arrête ». Je ne peux plus faire ce que je faisais il y a 20 ou 40 ans, mais il y a encore à faire. Notre relation avec Dieu et notre service pour lui ne s’arrête pas à l’AVS. Des jeunes disent aussi parfois « comme je suis jeune, je fais ce que je veux, je verrai plus tard comment servir Dieu ». On n’est jamais trop petit pour être au service des autres. Un enfant de quelques années peut servir Dieu.

Ne vous dites pas « je suis trop peu de choses, je laisse aux autres le soin de tout faire », « moi, je n’as pas fait de grandes études, je n’ai pas de grandes capacités, moi je ne peux pas faire ça... ». Il y a pour tous des choses que nous ne pouvons pas faire, mais il y a des choses que Dieu a préparé pour chacun et chacune. Si nous sommes doués dans un domaine, même qui nous paraît insignifiant, nous pouvons l’employer pour servir Dieu. Par exemple, en jouant du foot, en préparant la table pour la cène, etc. Je vous encourage à réfléchir à comment continuer avec joie de consumer votre vie pour Dieu. Pour moi qui suis à la retraite, je dois discerner comment utiliser l’espace libre que j’ai maintenant. Comment continuer ? Nous avons besoin de nous interroger.

Si Dieu nous demande quelque chose, ne nous défilons pas. Ch.-A. Geiser nous donne encore un témoignage de récolte de fonds en faisant la « statue vivante » devant un supermarché pour offrir un repas à des enfants orphelins en Côte d’Ivoire. On peut donner de la joie en faisant peu de choses ! Ne nous disons pas « je suis si peu de choses, je ne peux rien faire ».